Enjeux pour les IUFM

Aujourd’hui, l’École est au cœur des problèmes de la société.
Les attentes la concernant n’ont jamais été aussi fortes et diverses : accès de tous à des savoirs sans cesse renouvelés, prise en compte de publics très hétérogènes, exigence de qualifications, éducation à la vie en société… L’École ne peut pas tout, mais elle représente un enjeu essentiel de la vie démocratique. Pour relever ce défi, le Sgen-CFDT exige une transformation en profondeur du système éducatif afin de permettre la réussite de tous les élèves. Cette transformation requiert à la fois une volonté politique, l’engagement d’un vrai débat public sur les missions de l’École, la programmation pluriannuelle des moyens nécessaires et l’implication de toute la communauté éducative.


De cette transformation du système éducatif découle une évolution nécessaire du métier enseignant.
Le métier évolue, se complexifie, son exercice s’avère aujourd’hui plus difficile. La question du sens de l’École, des apprentissages est plus que jamais d’actualité. Redéfinir le métier enseignant, c’est notamment prendre en compte l’évolution des élèves et des savoirs, la rénovation des pratiques, c’est affirmer que l’acte éducatif ne se réduit pas au "cours" de l’enseignant
à une "classe". Aujourd’hui, le métier enseignant se conçoit dans le cadre des projets engagés par l’ensemble de l’équipe éducative d’une école ou d’un établissement.

La formation des enseignants doit changer.
Comme tous les métiers, enseigner s’apprend. Plus que jamais, l’IUFM apparaît comme le lieu adéquat de cet apprentissage. Construite comme un processus continu articulant formation initiale, accompagnement à l’entrée dans le métier et formation continue, la formation doit donner aux personnels les moyens de remplir les missions qui leur sont confiées et
se fonder sur plusieurs principes :
• mieux associer les personnels aux dispositifs de formation ;
• être une véritable préparation au métier réel, permettre de répondre aux questions posées et de s’adapter aux évolutions de la profession (maîtrise de l’hétérogénéité, accompagnement individuel, gestion de la classe et des situations de conflit, élaboration et mise en œuvre de projets, travail en équipe, liaison avec les familles et les autres partenaires) ;
• réfléchir sur les valeurs qui doivent fonder les missions de service public.
L’accompagnement à l’entrée dans le métier doit être développé et les néo-titulaires doivent bénéficier de décharges de service.
La formation continue doit constituer une réelle priorité et bénéficier, enfin, des moyens nécessaires à ses missions.

Des propositions ministérielles indigentes.
Le 9 avril, le ministre Luc Ferry a présenté les nouvelles orientations qu’il entend donner à la formation des enseignants. Les enjeux cruciaux concernant la formation des maîtres ne sont pas pris en compte par ces propositions. Pis, Luc Ferry, tout en cherchant à réaliser des économies budgétaires en rallongeant les périodes de stage, veut restaurer une conception rétrograde du métier enseignant et abandonner tout projet de démocratisation du système éducatif.
Le débat sur l’avenir des IUFM prendra sa place dans le débat public sur l’École qui va s’organiser durant cette année scolaire. Le Sgen-CFDT interviendra dans ce cadre pour exiger une réforme de la formation correspondant à son projet de transformation démocratique de l’École.

Marc Douaire