Résultats des concours PE 2005
Des résultats en trompe l'œil

Si l'on s'en tient uniquement au pourcentage d'admis du concours externe en 2005 par rapport aux années précédentes, cela pourrait donner l'impression que la sélectivité du CRPE est moins importante : 21,2 % en 2005, 19,6 % en 2004, 17,9 % en 2003. Mais une étude un peu plus fine, en particulier des autres concours, montre qu'il n'en est rien.

Cette année, 12 750 postes étaient à pourvoir pour l'ensemble des concours de recrutement de PE : 11 688 pour le concours externe, 144 pour le concours externe "Langues régionales", 668 pour le 3ème concours, 238 pour le second concours interne et 12 pour le second concours interne "Langues régionales". Cela représente un baisse de 439 postes par rapport à 2004 soit 3,33 %. Comme chaque année, les résultats des concours internes étant relativement stables, nous nous attacherons à étudier les résultats des concours externes.

En raison d'une date unique pour tous les concours comme l'année dernière, l'augmentation du nombre d'inscrits ne s'est pas accompagnée d'une augmentation du nombre de présents. Pour le concours externe avec + 2619 inscrits et - 5685 présents. C'est l'une des raisons qui expliquent l'augmentation du pourcentage
de réussite.

L'une des autres explications, c'est le report sur le concours externe de postes non pourvus sur d'autres concours : 183 postes au 3ème concours et 18 au concours externe spécial langues régionales. 23 académies se trouvent dans cette situation dont 3 académies qui n'ont pas pourvu plus de 15 postes pour le concours 3ème voie : Versailles, Créteil et Lille.
Les jurys n'ont cependant pas utilisé complètement la possibilité d'augmenter les recrutements sur les autres concours. +138 recrutements par rapport aux prévisions pour l'externe et +14 pour le second concours interne. Globalement, ce sont 51 postes sur les 12 750 qui n'ont pas été pourvus.

Il est difficile d'avoir des certitudes sur les raisons de ce néo-malthusianisme dans le 1er degré mais plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Certains n'ont jamais admis l'existence même du 3ème concours et risquent encore moins de l'admettre avec les nouvelles conditions d'accès. De plus, la diminution progressive du nombre de candidats a conduit dans plusieurs académies à ce qu'il y ait à peu près le même nombre d'admissibles que de postes à pourvoir.

La mise en place de la LOLF (Loi Organique des Lois de Finances) qui rend les inspecteurs d'académie et les recteurs plus responsables de la maîtrise des budgets peut expliquer le fait qu'ils aient voulu limiter les recrutements compte tenu des enseignants titulaires en surnombre dans certaines académies.
Cependant, si tel était le cas, aucune liste complémentaire n'aurait dû être constituée. Or, à part sur l'académie de Caen, toutes les académies ont prévu une liste complémentaire. On peut s'interroger, dès lors, sur la pertinence de ne pas pourvoir tous les postes mis au concours. Concernant le nombre d'inscrits sur ces listes complémentaires, elles sont en chute libre : 3 861 personnes en 2005 contre 4 555 en 2004 soit une baisse de 15 %. Pour le 3ème concours, seules 5 académies en ont constituées (Aix-Marseille, Besançon, Montpellier, Poitiers, La Réunion).
Pour le concours externe, seule l'académie de Caen n'en a pas prévu. Cela signifie qu'en cas de désistements de lauréats reçu en liste principale, les postes ne seront pas comblés venant augmenter les 51 postes déjà non pourvus.
Toutes les académies sont concernées par la baisse du nombre d'inscrits. 3 académies connaissent une baisse de plus de 50 % : Amiens, Besançon et Poitiers. Seules 2 académies ont prévu une liste complémentaire plus importantes qu'en 2004 : Créteil (+189) et Orléans-Tours (+150).
Le fait qu'une liste soit constituée ne présage rien de l'utilisation qui en sera faite par les recteurs. Compte tenu des difficultés des inspecteurs d'académie à attribuer des inéats (il s'agit d'un système de mutations des collègues titulaires), il y a fort à parier que les recrutements sur le terrain seront également en baisse.

Avec la LOLF, inspecteurs d'académie et recteurs ont trouvé un moyen facile de justifier une restriction. Ceci est valable pour les recrutements mais la LOLF sert de justification à beaucoup de refus : frais de déplacements, temps partiels, etc. Encore faudrait-il que la transparence soit de mise, ce qui n'est pas souvent le cas !